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Tu t'extirpes des draps
La mine réjouie du moins je crois
Deviner cette fois-ci
Nous en resterons là
Plus tard dans la cuisine
Je pose sur la table
Un poste de radio à mes côtés
Tu es assise
Et tu te contentes de fixer
A la frontière d'une pensée
Une miette de pain écorchée
Sur la nappe opaline
Tu renverses un peu de café
Comme les volets de sapin plaqués par l'orage du matin
Tes phalanges claquent
Je te passe l'éponge
Tu essuies ton tremblement de tasse
On ne dit plus rien
Les miettes s'entassent
Les jours passent les mois
Les mois passent les années
Les années passent et qui sait
Ce qu'il y aura après
Sans prévenir la radio grésille
S'éteint et nous ramène
Au présent tu me regardes
Je retiens mon souffle
Alors l'air se charge
De patience et d'allumettes
Il ne faut pas rompre
Le calme
Les jours passent les mois
Les mois passent les années
Les années passent et qui sait
Ce qu'il y aura après
Les jours passent les mois
Les mois passent les années
Les années passent et qui sait
Ce qu'il y aura après
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Tableau 1 vision 2 je découvre les lieux
Il se dégage une sorte de sérénité
Ici tout semble venir du néant
Le jour se lève en appuyant sur un bouton
Alors j'avance dans un espace délicieux
Et bientôt une scène se forme à mes yeux
Et laisse apparaître des choses incroyables
Malgré tout, je reste sur mes gardes
Ma vie est en jeu …
Moi qui ne crois en rien j'ai vu cette prière
Jaillir du sol l'écorce est fendue
Des bestioles déguisées en lettres alphabétiques
S'organisent en phrases et m'attaquent de toute part
Victime de mes propres mots je riposte
A coup de suffixes et de fausses rimes
Le bruit des incantations a cessé
Tout est si calme je suis inquiet
Ma vie est en jeu …
L'apparition suivante me plonge dans la splendeur de l'infâme
J'ai devant moi un monstre un mammifère
Sorti du placenta pourri de la terre
A moitié lion et araignée il possède
Une trentaine de pattes recouvertes de crinière
La bête qui n'a pas de tête par chance ne semble pas me voir
Prudemment je m'approche je devine un murmure
" Viens " me dit-elle "je suis avec toi "
Je presse la gâchette je tire dans le tas
Puis je lâche les manettes et je suis du regard
Le point flash qui part au milieu de l'écran
Vers une autre planète dans le tableau suivant
Et tout recommence …
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Je regarde les gouttelettes qui viennent tapoter les vitres
Comme les doigts de grand père sur l'accoudoir du fauteuil en cuir au milieu du salon
Et je me revois
Quand j'avais 15 ans
La joue collée à la fenêtre de ma chambre dans mon petit patelin
Des heures entières à cotempler la pluie
Qui me fascinait
Derrière les ronds de buée autour de mon nez je voyais
Les poteaux électriques, les lignes de téléphone qui dansaient
Sous l'impulsion des filets d'eau dévalant sur les carreaux et je me demandais
Depuis combien de temps ils étaient là à gâcher le paysage
Combien de mots étaient déjà passés dans ces cables, des mots, juste des mots, qui se raccrochent à un fil
Des mots, ou des oiseaux
Je peux faire ceci ou celà
Pour apaiser aujourd'hui mes doutes, mes problèmes
Mais demain la migraine sera là
Et jettera
Une ombre entre l'aube et moi
Alors il ne reste que la pluie
Pour noyer tout ça
Et calmer la nostalgie de ma viande en sursit
Je m'imagine gardien du phare
Et les trombes qui se font vagues
Se déchainent sur la terre
Je suis comme ces gens sur les ponts qui surplombent l'autoroute je regarde les voitures défiler
Sans pouvoir les arrêter
Et je me demande quand même si ...
Et je me demande quand même si je ne vais pas être emporté ...
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Entourée de multiples étincelles
La fée multicolore pleine d'allégresse
M'offre ses tours de magie et ses ficelles
Pour reconstruire le coeur de ma jeunesse
Ma fée
M'a fait trembler
D'un souffle si léger
Que je pourrais l'avoir rêvé
Elle ne ressemble à rien d'autre au monde
Ou alors peut-être à une termite
Du bout de ses antennes elle me sonde
Et me couvre de millier de messages chimiques
Ma fée
M'a enveloppé
De clins d'oeils si insensés
Que je pourrais l'avoir rêvé
Dans sa parrure de jadis je l'imagine nue
Avec quelque chose de particulier que je n'arrive pas à deviner
Quelque chose qui échappe encore à ma vue
Un mystère dont je la sens enrobée
Ma fée
M'a imprégné
D'instincts si poussés
Que je pourrais l'avoir rêvé
Alors pour satisfaire ma curiosité
Elle s'approche de moi glissante comme une pensée
Dépose sa baguette magique sur mon épaule
Et me transforme.
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Une fille chez elle
Elle se douche, elle s'habille, elle se maquille
Elle demande un coup de main pour fermer sa robe à un type qui est là
C'aurait pu être moi
Elle sort avec le type
Ils sont dans un bar très spécial
Plus tard elle va aux chiottes
Il attend
Elle se fait assassiner
Il allume sa troisième cigarette
Un homme jette des préservatifs sur une tombe en hurlant
Un ambulancier le neutralise
Les cloches se cognent, les sirènes retentissent et puis s'en vont
Les endeuillés, les curieux reprennent la queue, rentrent chez eux
Déjà dans les salons se répand la nouvelle
On lui injecte un calmant
Il s'endort l'humeur acqueuse et gonflée de sang
Un taxi roule, le feu est rouge, le conducteur est fatigué, ses yeux sont embrouillés et l'enfant traverse sur les clous
L'impact est sourd, le pare-brise vole en miette
Un agent avale son sifflet, il voit tout mais il n'y a plus rien à faire 2 heures se passent, la circulation est normale, le taxi est loin
Un couple se retrouve sur le quai, ils montent ensemble dans un compartiment et cherchent des places pour s'assoir
Il est 8 h 02, vers la banlieue, ils parlent de leur journée, il ya un paquet sous leur siège, ils sont presque arrivés, la déflagration mélange leurs os et leurs chairs
La radio interrompt ses programmes, il est 8 h 07 Karine et Vincent attendent leurs parents.
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Elle rêvait d'être actrice
Pour embrasser des garçons
Elle embrasse maintenant la vie
Là où ça fait mal
Elle change les pansements sales
Dans un hôpital
Elle joue là son meilleur rôle
Elle voulait un mariage original
Pour mener le bal
Elle a eu un mariage
Dans une petite salle
Elle voulait vivre voyager et puis tout partager
Il est parti avec sa meilleure amie
Elle parlait souvent de politique
Elle ne va même plus voter
Elle regarde ces hommes trop gros coincés dans leurs costumes gris
Et dans leurs programmes il y a belle lurette qu'on ne parle plus d'elle
Sur sa télé dernier cri son dernier cri s'est éteind
Devant les quatre coins de la vérité elle tricote des napperons
Ses idées tournent en rond
Comme des pelotes de laine
Quand il y avait du soleil le week-end
Elle faisait ses courses au marché
Aujourd'hui elle traine en chemise de nuit
Dans son deux pièces surchauffé
Elle mange des surgelés
Elle oublie de se laver
Et sans faire de chi-chi
Elle reprise sa vie
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On passe si près des gens dans la rue
En marchant au pied des immeubles
Qu'il suffirait de pas grand chose
Un simple mouvement de l'épaule
Pour qu'on les heurte et pour qu'on entre
Par le trou de la serrure de leur vie
Que l'on imprime un aléa
Un marque page dans leur journée
On ne sait rien d'eux, de ces gens
De ces visages tous si différents
Qui renferment tant d'histoires
Des histoires comme on aime en voir
Mais on les sent vraiment peu enclins
Il y a sur leurs lèvres comme un frein
Au dialogue alors on se retient
Et on ne saura jamais rien
Dans les quartiers de Paris ou d'Orange
On passe finalement bien loin des gens
Et sans se poser plus de questions que ça
On développe en soi l'anoymat
Une tête d'épingle dans la masse
Ca prend moins de place.
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On s'est mal compris
On s'est mal parlé
On s'est énervé
On s'est presque frappé ça nous démangeait trop
On a rien laché
Chacun dans son coin
On a tout gâché
Et puis on s'est calmé
On s'est regardé
On s'est pardonné
On s'est embrassé
On s'est retrouvé
Sans vraiment se forcer
Le coeur gros comme une patate
D'en avoir réchappé
Alors on a tout oublié
Du moins c'est c'qu'on croyait
Mais on recommencé
On a envoyé valser
Les casseroles, les mots qui font mal
Pour tester
Jusqu'où on pouvait aller
Un truc comme ça
Jour après jour on a découvert
Quelques points de divergences, il va falloir faire avec
On a pas l'choix, c'est comme ça
On ne va pas foutre en l'air pour si peu tout le reste
Et tout le reste, c'est pas rien.
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released September 19, 2000
Nathalie Ré = basse
Christian Schreurs = guitares, violons
Nicolas Haas = chant, claviers, sample et programmations
Textes de Nicolas Haas
Composé par Nicolas Haas et Christian Schreurs (saut 07/10/11 par Nicolas Haas)
Masterisé par Alex Gopher à Translab
Design et photos de Lionel Mougin